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La plus
grande difficulté, c'était l'apprentissage de nouvelles
langues. Mon étude de l'anglais était si lointaine et si peu
complète, dû aux changements dans le système scolaire après la guerre.
Je devais évidemment y consacrer plus d'efforts, mais je connaissais
mieux que quiconque mon peu d'aptitude pour les langues étrangères.
Quittant le Japon, mon seul point d'appui était mon tendre et
affectueux mari; il m'a toujours aidée.
Avant de quitter le pays, mon maître m'avait confié son rêve
: semer et répandre l'art de la calligraphie. Ainsi, suis-je
donc arrivée à Montréal mi-inquiète et mi-confiante. Car j'étais
loin d'être sûre de pouvoir répondre aux attentes de mon maître.
Je
me suis installée tant bien que mal dans cette ville. J'ai commencé
par recruter des élèves parmi les Montréalais d'origine japonaise.
Puis, petit à petit, des Canadiens de différentes souches se sont
mis à leur tour à frapper à ma porte. L'année 1980
fut décisive : j'ai enfin fondé l'École de calligraphie
japonaise, ce qui allait me permettre d'enseigner cet art
d'une façon plus efficace et plus agréable. La prochaine étape
fut d'organiser une exposition, afin de sensibiliser les Montréalais
à nos activités. Après de nombreuses discussions avec mes élèves
les plus avancés, j'ai décidé de retourner au Japon dans le
but de préparer cette exposition. Par l'entremise d'un ami,
j'ai fait la connaissance du directeur général de l'Association
japonaise de l'éducation de calligraphie, la plus importante
dans cette discipline. Au cours de notre entretien, il m'a fortement
suggéré que notre école de Montréal devienne la branche montréalaise
de son association. De plus, il a accepté d'évaluer les œuvres
de nos élèves canadiens pour l'obtention éventuelle de certificats
officiels et ce, à différents niveaux. À la suite de cette rencontre
décisive, j'ai enfin pu réaliser mon rêve : la première
exposition de calligraphie fut organisée en avril 1982 à
l'Hôtel Reine-Élizabeth de Montréal. Désormais un événement
culturel annuel, l'exposition de calligraphie nous revient cette
année pour la seizième fois. Mentionnons aussi qu'en janvier
1984, nous avons ouvert une école à Québec. Depuis, de nombreux
étudiants pratiquent la calligraphie dans nos deux écoles, dont
certains depuis plus de dix ans. Selon leurs désirs, les étudiants
soumettent leurs œuvres au Japon et se voient octroyer un certificat
officiel confirmant leur acquisition des différentes techniques.
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